OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [infographie] Les forçats du jouet http://owni.fr/2011/12/19/chine-les-forcats-du-jouet-mattel-disney/ http://owni.fr/2011/12/19/chine-les-forcats-du-jouet-mattel-disney/#comments Mon, 19 Dec 2011 16:28:59 +0000 Loguy et Fabien Soyez http://owni.fr/?p=91139 La majorité des jouets offerts à Noël sont fabriqués en Chine, près de Hong Kong. Dans les fabriques de poupées et de voitures en plastique, les ouvriers ont le choix : travailler plus et gagner une misère, ou travailler moins et gagner encore moins. Parmi les géants du jouet, Mattel et Disney se disputent la première place.

Travail: ce que dit la loi chinoise

Pour comprendre cette infographie, il est nécessaire de connaître le code du travail chinois. Quelques éléments :

Les salariés ne doivent pas travailler plus de 8h par jour et plus de 44h par semaine.
Une semaine ne doit pas excéder 5 jours.
Le maximum légal est fixé à 174h de travail par mois.
Côté heures supplémentaires, un salarié chinois ne peut effectuer plus de 36 heures supplémentaires par mois.
Soit 2h supplémentaires par jour en moyenne ; 9h supplémentaires par semaine.


Salaire de base : le salaire de base varie selon la localité : à Shenzhen, c’est 154 euros/mois, à Dongguan, c’est 128 euros/mois.

Horaires réels: de l’entrée dans l’usine à la sortie de l’usine. Sont compris la pause déjeuner (1h30 environ), le dîner (1h) et les heures supplémentaires.

6 jours par semaine : les usines étudiées font travailler leurs salariés 6 jours par semaine au lieu de 5.

44h de travail par semaine maximum, 9h supplémentaires par semaine maximum ; donc 53h de travail réel par semaine. Pour les usines concernées, on atteint entre 60 et 72h par semaine.

Heures supplémentaires : 2h par jour, selon la loi chinoise.

Au “total” : un salarié ne peut travailler plus de 174h/mois et 36h  supplémentaires /mois, il ne peut donc dépasser 210h/mois de travail effectif. Pour les usines étudiées, ce chiffre total atteint entre 240 et 288h/mois (donc heures  supplémentaires  comprises).


Infographie réalisée par Loguy

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Les chinoiseries des fabricants de jouets http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/les-chinoiseries-des-fabricants-de-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 11:27:18 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90897

Comme Mattel, la Walt Disney Company (WDC) a recours à des sous-traitants pour fabriquer les jouets à l’effigie de Mickey. Et dans pareil cas, Disney délègue sa responsabilité sociale à ses sous-traitants. Ceux-ci doivent s’engager à faire respecter, dans les usines qu’ils démarchent, un code de conduite propre à la WDC, intégré dans les contrats de licence et d’approvisionnement passés par le groupe.

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Mattel et Disney fêtent Noël en Chine

Salaires de misère, amendes punitives, quatorze heures de travail par jour, six jours par semaine. Discrimination et ...


Ainsi, les fabricants “n’utiliseront pas” le travail infantile, le travail involontaire ou forcé, “traiteront chaque salarié avec dignité et respect”, “offriront un lieu de travail salubre et non-dangereux”, respecteront “au minimum” les lois en vigueur concernant les salaires et la durée du temps de travail, et ils respecteront le “droit des salariés à s’associer et à négocier collectivement”. Disney est associée à lInternational Council of Toy Industries (ICTI), mais possède sa propre équipe dédiée, The International Labor Standard (ILS), une équipe de juristes qui assure avoir commandité plusieurs milliers d’audits “maison” chez les fournisseurs de l’entreprise.

Chez Disney, on minimise : “Dans ces usines (Hung Hing et Sturdy Products), nos produits ne représentent que 5% de la production. Nous ne sommes pas les seuls clients de ces fournisseurs.” Et d’ajouter, agacés : “Comme par hasard, ces enquêtes sortent à la veille de Noël, elles ont été faites pendant la pleine saison… Je serais curieuse de voir la même étude pendant la période creuse. Mais nous ne cherchons pas d’excuse, bien sûr.’”

Depuis 2005, l’ONG Students & Scholars Against Corporate Misbehaviour (Sacom) a mené une dizaine d’enquêtes sur les usines sous-traitantes de Disney. “Nos rapports prouvent que les audits de Disney sont tout aussi inefficaces que ceux de l’ICTI”, affirme Debby Chan. A l’association Peuples Solidaires, Fanny Gallois s’interroge :

Comment nous faire croire que Disney arrive à faire respecter son code de conduite à des détenteurs de licence que l’entreprise connaît à peine ? Avec son système de licences, Disney sous-traite tellement qu’il n’est plus capable de remonter la chaîne d’approvisionnement, et de la maitriser.

Fanny Gallois décrit le système : “quand un scandale éclate, comme ici avec On Tay Toys ou Sturdy Products, Disney doit d’abord retrouver le nom du sous-traitant avant celui de l’usine, car elle ne possède pas la liste des usines.” Nathalie Dray, directrice de la communication corporate pour Walt Disney France, reconnaît :

C’est très compliqué de contrôler à 100% notre chaîne de production, il faut que les détenteurs de licence jouent le jeu. Mais on essaie de faire au mieux et on les pousse à mettre les usines en conformité.

Code de conduite

Grand classique de la communication de crise, les différents géants du jouet interrogés répondent tous peu ou prou la même chose : “Nous prenons le cas de ces usines très au sérieux”, lancent en chœur Disney et Mattel, qui précisent avoir demandé à leurs sous-traitants de “vérifier” les informations de la Sacom, avant de “prendre des mesures”.

Sur le site de On Tai Toys, les ouvriers fabriquent également les fameux Lego Books, des livres illustrés sur l’univers des briques à plot. Ces Lego Books sont distribués depuis douze ans pour Lego par un détenteur de licence, Dorling Kindersley (DK). Une bonne excuse pour Lego, qui minimise : “Nous avons demandé à DK de faire une enquête sur On Tai Toys. Par ailleurs, nous ne produisons que 10% de nos briques en Chine, dans des usines en relation très étroite avec nous. Ces usines et celles utilisées par nos détenteurs de licence sont régulièrement contrôlées par des cabinets d’audit accrédités par l’ICTI. Nous prenons tout cela très au sérieux et en cas de violation de notre code de conduite, nous pouvons aller jusqu’à la rupture des relations commerciales avec les usines concernées, mais en tout dernier recours“, explique Charlotte Simonsen, porte-parole du groupe danois.

Mattel, qui se contente de fournir aux journalistes ses statements et refuse “les interviews one to one”, rappelle que “depuis plus de 15 ans“, l’entreprise utilise un système de contrôle indépendant dans ses usines, avec un code de conduite “des plus exigeants”, et collabore activement avec l’ICTI “pour améliorer sans cesse les conditions de travail dans les usines.”

Tout va bien dans le meilleur des mondes. Après avoir “mené sa propre enquête”, Mattel considère le suicide de l’ouvrière de l’usine Sturdy Products Nianzhen Hu, comme un “incident tragique, mais isolé.” Et de préciser que “l’audit n’a trouvé aucune preuve de dépassement d’horaires imposés”, et que les ouvriers ayant dépassé la limite d’heures supplémentaires durant l’été “pouvaient refuser de les effectuer”.

Solution de survie

À la Sacom, Debby Chan demande aux géants du jouet de “prendre leurs responsabilités, et de ne plus lancer de promesses en l’air après chaque scandale : c’est à eux de changer leurs pratiques d’achat, la pression que Disney ou Mattel exercent sur les fournisseurs pour obtenir des prix toujours plus bas, les pousse à violer les lois du travail.” Les multinationales, exigeant des producteurs des délais de livraison “de plus en plus courts”, inciteraient les usines à fabriquer vite, quitte à ne pas respecter les codes de conduites.

“Les sous-traitants ont le couteau sous la gorge, exploiter les ouvriers devient presque pour eux une solution de survie !”, lance Marie-Claude Hessler, qui demande aux multinationales d’augmenter le prix à la commande, pour “permettre aux fournisseurs de payer un salaire décent aux ouvriers.” A Disney, on répond tout de go : “Nous ne sommes pas des donneurs d’ordres, ce sont nos licenciés qui passent les commandes, et nous on ne va pas leur imposer quoi que ce soit.” Qui sont ces détenteurs de licence ? “Nous ne révélerons pas la liste de nos sous-traitants, de nos fournisseurs et de nos licenciés“, répondent Disney et Mattel. À la Sacom, Debby Chan soupire :

Les géants du jouet ne jouent pas le jeu. S’ils rendaient publiques les listes de leurs fournisseurs, comme Nike, Adidas ou Puma l’ont fait avant elles, les organisations civiles pourraient au moins renforcer leur surveillance et pousser les usines à adopter une meilleure conduite.

Pour le moment, parmi les géants du jouet, seul l’éditeur du Monopoly, Hasbro, publie sur son site internet la liste de ses fournisseurs en Chine. Des usines situées sans surprise autour de Shenzhen et de Dongguan.

Ce que les ONG réclament, c’est aussi une “nouvelle organisation”, autre que l’ICTI, qui travaillerait en étroite collaboration avec les fournisseurs et les associations, pour pousser le gouvernement chinois et les usines à garantir aux ouvriers une “réelle liberté syndicale”. En Chine, pays qui n’a pas adhéré aux normes fondamentales de l’OIT (Organisation Internationale du Travail) sur la liberté d’association et de négociation collective, le système est celui du syndicat unique. “Les syndicats qui existent dans les usines sont assujettis au syndicat unique, qui est lui même soumis à l’État et au parti communiste”, explique Anthony Jin, qui a dirigé une entreprise en Chine pendant cinq ans.

La Fédération syndicale de Chine (ACFTU) donne une illusion de liberté syndicale, mais en réalité c’est une façade. L’ACFTU est le syndicat des patrons, il fait le lien entre les ouvriers et la direction, mais il ne permet pas aux ouvriers de défendre leurs droits, qui ne peuvent pas former eux mêmes le syndicat de leur choix.

D’après Anthony Jin, “le gouvernement chinois a peur des revendications collectives, il se souvient de l’URSS et de Solidarnosc.” Pour Debby Chan, de la Sacom, il revient aux multinationales comme Mattel ou Disney de faire pression sur le gouvernement chinois. A Disney, Nathalie Dray constate : “Isolément, nous n’avons pas de poids, pour faire changer les choses au niveau du gouvernement chinois, nous ne pouvons nous reposer que sur l’ICTI, c’est au travers de la Fédération que nous pourrons négocier.”

D’ici là, la Sacom, qui ne fait “aucunement confiance en l’ICTI” et demande donc la création d’une nouvelle Fédération, propose une alternative : la mise en place dans les usines de “comités d’ouvriers”, qui ne sont pas mentionnés dans la loi chinoise. “C’est une zone grise, ces comités peuvent donc être créés, en théorie.” Dans deux usines sous-traitantes de Disney, “les ouvriers ont pu élire des représentants, grâce à la pression de Disney. Il ne s’agit pas de vrais syndicats, mais c’est déjà un progrès”, lance Debby Chan.


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source

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Mattel et Disney fêtent Noël en Chine http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/ http://owni.fr/2011/12/19/mattel-disney-noel-chine-usine-jouets/#comments Mon, 19 Dec 2011 07:35:01 +0000 Fabien Soyez http://owni.fr/?p=90241 Les ménages français dépenseront en moyenne 67 euros en jouets pour ces fêtes de Noël. Toupies Beyblade, Zhu Zhu Pets et voitures télécommandées Cars 2 devraient être les jouets vedettes de ces fêtes. Mais dans les coulisses, se profile un tableau moins joyeux. Celui de la production des jouets en question. Ce marché du jouet qui connaît peu la crise. Il pèse 80 milliards de dollars sur le plan mondial, 3 058 millions d’euros en France. Pas de chance pour les majors du secteur, un rapport sur les conditions de travail dans l’industrie du jouet en Chine accable particulièrement Disney et Mattel.

Les chinoiseries des fabricants de jouets

Les chinoiseries des fabricants de jouets

Mattel, Lego ou Disney profitent allègrement des terribles conditions de travail imposées dans les usines chinoises où ...


Entre mai et octobre, quand les usines de jouets tournent à plein régime en vue des fêtes de Noël, une association d’universitaires basée à Hong Kong, la Sacom, et l’organisation China Labor Watch (CLW), ont mené une enquête approfondie chez plusieurs sous-traitants de ces multinationales.

Salaires payés en retard, heures supplémentaires obligatoires, privation de jours de repos, interdiction de parler ou de se rendre aux toilettes, amendes punitives, discrimination sexuelle, harcèlement au travail : l’enquête révèle une liste impressionnante d’abus et de violations de principes fondamentaux. Les responsables de Disney et Mattel que nous avons contactés ont cherché à relativiser les résultats de ces travaux , en citant les audits qu’ils affirment réaliser sur le sérieux de leurs sous-traitants en Chine (lire notre enquête sur ce point).

Trois Barbie vendues par secondes

L’industrie du jouet en Chine, ce sont 4 millions d’ouvriers, qui produisent 80% des jouets vendus à travers le monde, 90% des jouets importés en Europe. 60% de ceux importés en France. 4 000 usines chinoises travaillent pour les sous-traitants de Mattel et Disney. 70% de ces usines se situent en Chine du Sud, près de la côte, dans le delta de la Rivière des Perles, une “zone économique spéciale“, sorte d’arrière-pays de Hong-Kong.

Barbie à la chaîne

En 2001 déjà, un rapport du Hong Kong Christian Industrial Committee (HKCIC) y dénonçait des conditions de travail “infernales”, épinglant sans ménagement Hasbro, McDonald’s, Disney et Mattel. “Dix ans plus tard, rien n’a vraiment changé, malgré quelques améliorations minimes”, déplore Debby Chan, chef de projet à la Sacom.

Premier géant du jouet pointé du doigt : Mattel. Chaque année, le leader mondial du jouet commercialise des millions de poupées Barbie (trois par seconde) fabriquées à 80% en Chine. Sur le site de Sturdy Products, à Shenzhen, on ne fabrique pas la célèbre poupée, mais des voitures miniatures, qui s’arracheront probablement à Noël : les Hot Wheels. Dans l’usine chinoise, déjà dénoncée par la Sacom en 2007, quelque 6 000 ouvriers travaillent d’arrache-pied, 12h par jour, 6 jours par semaine, pour des salaires ridiculement bas. Selon la Sacom :

Les salaires sont maintenus à des niveaux extrêmement bas, à cause des quotas de production qui sont presque impossibles à remplir.

Dans cette fabrique, qui a exporté en 2010 plus de 30 millions de dollars de jouets, les ouvriers touchent 154 euros par mois, le salaire minimum. En effectuant des heures supplémentaires, ils peuvent espérer atteindre 327 euros. Pour cela, le maximum légal de 36 heures supplémentaires par mois est allégrement dépassé. Les ouvriers de Sturdy Products ont ainsi effectué, l’été dernier, pendant la “haute saison”, entre 100 et 120 heures supplémentaires par mois, comme le prouvent des fiches de paie que s’est procurée la Sacom.

Une voiture Hotwheels, beaucoup d'heures supplémentaires

Au moment de l’embauche, certains ouvriers affirment avoir été poussés à signer un document les engageant à travailler au delà du maximum légal. Debby Chan, de la Sacom, décrit des conditions de travail “indignes”, proches de “l’enfer” :

Les ouvriers, des femmes le plus souvent, sont harcelés et insultés en permanence par leurs patrons. Les cadences de travail sont excessives, il faut produire beaucoup en peu de temps. Il y a de graves négligences en matière de sécurité du travail. Les ouvrières utilisent des produits chimiques dangereux, des diluants, des colles, du plomb. Des masques chirurgicaux leur sont fournis, mais ils sont inefficaces pour les protéger des vapeurs toxiques. Récemment, deux ouvrières ont dû être hospitalisées, mais elles n’ont reçu aucune compensation de la part de leurs employeurs.

D’après l’enquête de l’ONG, l’usine de Shenzhen aurait employé plusieurs enfants âgés de 14 à 15 ans. En mai 2011, Nianzhen Hu, une ouvrière de l’usine, s’est suicidée en sautant du sixième étage de l’usine. Selon sa famille, elle était souvent “réprimandée” par la direction “parce qu’elle n’était pas assez efficace”. On lui avait ordonné, en guise de punition, de ne pas venir travailler.

Audits inefficaces

Depuis 2006, l’usine est pourtant régulièrement certifiée décente” par la Fédération Internationale des Industries du Jouet (ICTI). Depuis dix ans, l’ICTI effectue des audits sociaux dans plus de 2 400 usines chinoises. Destiné à “promouvoir une fabrication éthique”, le “Care Process” de l’ICTI repose sur un code de pratiques commerciales” imposé aux sous-traitants de multinationales membres, comme Mattel, qui interdit le travail des enfants et édicte une série de “règles de bonnes conduites” à respecter : “environnement de travail sûr“, “assistante médicale en cas d’urgence”, congés maladie, etc.

Disney Store Toys

Un rayon de peluches au Disney Store des Champs Elysées. Tous ces jouets sont "made in China".

Marie-Claude Hessler, ancienne juriste d’Amnesty International, est actionnaire minoritaire de Mattel. À chaque assemblée générale, en mai à Los Angeles, elle prend la parole et pose aux dirigeants des questions qui fâchent. Les audits de l’ICTI, l’ex-juriste les considère comme “de la poudre aux yeux.”

Les inspecteurs de l’ICTI viennent d’Europe ou des Etats-Unis, sans vraie connaissance du terrain. Ils sont très faciles à leurrer. Et quand la Fédération fait appel à des compagnies d’audit externes, régulièrement, des usines se plaignent de la corruption des inspecteurs, qui leur réclament de l’argent contre une certification.

Les ONG dénoncent des audits sociaux inefficaces, inutiles. Feng Yu, 21 ans, a travaillé pendant trois ans dans plusieurs usines de jouets à Shenzhen. Elle raconte : “Avant les contrôles, on nous réunissait dans une salle, et on nous expliquait les questions que l’on allait nous poser, et surtout ce qu’il fallait répondre aux inspecteurs.” A Sturdy Products, la Sacom reporte même le cas d’ouvriers payés pour mentir lors des audits. Debby Chan ne se fait aucune illusion :

Dans la pratique, les directeurs d’usines sont informés à l’avance de l’arrivée des inspecteurs, ils ont le temps de faire le grand ménage, de cacher les produits chimiques, de faire partir les enfants, de fabriquer de faux contrats de travail, de fausses fiches de paie. C’est tout un cinéma qui est mis en place pour tromper les inspecteurs.

Marie-Claude Hessler déplore l’attitude de Mattel et d’autres géants du jouet, comme Disney, qui “se reposent de plus en plus sur les audits de l’ICTI, avant de mener leurs propres vérifications.” En 1997, Mattel avait monté une cellule d’experts indépendants, qui visitaient les usines tous les trois ans, faisant respecter le code de conduite de l’entreprise. “A l’époque, l’entreprise avait un PDG un peu avant-gardiste, mais depuis qu’il a été remplacé, Mattel a supprimé cette commission indépendante et se cache derrière l’ICTI, se bornant à publier de temps en temps les rapports de la Fédération”, lance Marie-Claude Hessler. L’ancienne juriste déplore l’attitude de l’ICTI : “Pour l’industrie du jouet, les audits doivent rester inefficaces… ça rapporte beaucoup trop.”

Interrogé par OWNI, le président de l’ICTI Care Process, Christian Ewert, n’apprécie pas. “Le but de notre Code de conduite est d’assurer un traitement équitable des ouvriers des usines de jouets, dans le monde entier. Quand une usine ne respecte pas le code, nous veillons à ce qu’elle corrige le tir. Nos contrôles sont quant à eux d’une grande qualité “ Et de tirer à boulets rouges sur la Sacom :

La Sacom n’est vraiment pas gentille avec l’ICTI Care Process. Ces dernières années, elle n’a cessé de nous critiquer, n’a jamais donné de crédit à nos actions, et refuse de nous rencontrer. Nous sommes pourtant ouverts au dialogue, acceptons les enquêtes des ONG, et agissons dès que les résultats de ces enquêtes nous sont communiqués, ou lorsqu’un ouvrier nous contacte pour dénoncer son usine. Notre travail se fait dans la durée, il prend du temps, et chaque année les choses vont de mieux en mieux.

30 heures de travail ininterrompues

Également pointée du doigt, la Walt Disney Company. À Sturdy Products, les ouvriers chinois produisent ses petites voitures à l’effigie de Flash McQueen, héros de Cars. Dans son dernier rapport, la Sacom se penche aussi sur la situation à On Tai Toys et Hung Hing Printing, deux usines nichées dans le delta de la Rivière des Perles. Les figurines Buzz l’Eclair, les albums de coloriage Disney sortent chaque hiver de ces fabriques, où les ouvriers travaillent entre 12 et 14 heures par jour, dans des conditions dangereuses.

Dans l’usine de On Tai Toys, les ouvriers manipulent ainsi des produits chimiques sans étiquettes, et sans moyens de protection (gants, masques). Ils dorment à l’usine, dans des dortoirs minuscules, envahis par les rats et les insectes. Le logement et la cantine, 40 euros en tout, sont retenus sur les salaires des ouvriers. A Hung Hing, l’une des 30 usines chinoises comptant le plus d’accidents de travail, les blessures sont monnaie courante, et les salaires sont payés avec trois semaines voire un mois de retard.

OWNI a contacté les différentes usines concernées, souvent en vain. À On Tai Toys, “on ne répond pas aux journalistes”, lance froidement un responsable de l’usine. A Sturdy Products, Damon Chan, l’un des responsables de l’usine, demande très poliment un peu de temps avant de répondre (OWNI attend toujours sa réponse), mais indique “prendre cette affaire, sujet très sensible à Sturdy Products, très au sérieux.”

Seule véritable réaction, celle du directeur général de Hung Hing Printing Group, Dennis Wong, qui justifie le dépassement des heures supplémentaires par des salaires de base “insuffisants pour vivre : les ouvriers ne peuvent gagner plus de 154 euros par mois, ils ont besoin de ces heures supplémentaires.” Entre juin et octobre, pendant la haute saison, des ouvriers de Hung Hing ont effectué jusqu’à 100 heures supplémentaires par mois, certains jusqu’à 30 heures interrompues, uniquement pour “honorer les délais d’une commande.”


Photos sous licences Creative Commons via Flickr : source et photo du Disney Store au mobile par Fabien Soyez

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Toy Story en Irak http://owni.fr/2010/11/15/toy-story-en-irak/ http://owni.fr/2010/11/15/toy-story-en-irak/#comments Mon, 15 Nov 2010 13:44:29 +0000 Anaïs Llobet http://owni.fr/?p=35754 Cet article est une contribution des étudiants de l’Ecole de journalisme de Sciences-Po.

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Tu pleures parce que notre opération anti-terroriste t’a fait peur ? Tiens, voilà une poupée. Ah, on a tué ton chien pendant cette même opération? Prends-donc ce kit Lego, ça t’aidera à te reconstruire.

Les jouets débarquent en Irak. Pour mieux se faire accepter par la population locale, les soldats américains distribuent des peluches et des poupées aux enfants irakiens. Une méthode surprenante mais efficace quand elle ne se heurte pas aux traditions religieuses.

Entre charité et opportunisme, gagner les cœurs des petits Irakiens à coups de peluches et de jouets,c’est une des méthodes de l’unité américaine des opérations psychologiques (les PSYOPs).

Et ça marche. Comme cette fois où, pendant que les soldats américains perquisitionnaient les maisons à la recherche d’armes, les PSYOPs distribuaient des jouets à la volée. Au final, beaucoup moins d’animosité et de regards haineux de la part des Irakiens. Sur Wikileaks, un rapport d’une brigade -rendue anonyme par le site- confirme “que donner des jouets reste un moyen efficace d’influencer la population” pendant les perquisitions.

Jouer au Père Noël, c’est aussi bien pratique pour avancer dans les quartiers dangereux. Entourés par une nuée d’enfants, les soldats américains se sont baladés tranquillement dans les rues, direction un bâtiment “qu’on disait abandonné”. A l’intérieur, surprise! ils y découvrent deux “rebelles étrangers”, à l’attirail du parfait-petit-poseur-de-bombes.

En une expédition, les soldats américains ont fait d’un jouet trois coups: non seulement ils ont conquis le cœur des enfants irakiens – et de leurs parents, charmés par tant de générosité -, mais ils ont en plus réussi à avancer en toute sécurité dans les rues, avant de réaliser un beau coup de filet anti-terroriste.

Des distributions de jouets assurées par des ONG

Les distributions de jouets par les PSYOPs ont fait des émules parmi les autres régiments de l’armée américaine. Après avoir offert une peluche à une petite fille dont “les yeux se sont illuminés d’une telle joie”, le soldat Paul a décidé de lancer sa propre ONG, Operation Give. Des quatre coins des Etats-Unis, on lui envoie des jouets qu’il redistribue ensuite sur le terrain. “Nous voulons aider les soldats américains à gagner les cœurs et les esprits des gens de cette région”, explique Paul.

Certains coeurs et esprits sont cependant loin d’être conquis par ces soldats déguisés en Mère Teresa. Parfois, les gentils Américains tombent sur “des éléments de propagande” qui incitent les enfants irakiens à refuser leurs cadeaux. Il arrive aussi que les distributions de jouets soient interrompues par des voitures qui foncent en leur direction.

Des jouets américains en terre d’Islam

Les jouets seraient-ils aussi une affaire d’adultes? Les Américains font pourtant attention d’éviter d’offrir des Barbies nues afin de ne pas exciter le zèle religieux de certains Irakiens: les formes voluptueuses de la figurine s’accordent mal avec les préceptes de l’islam. Mais les soldats donnent sans hésiter des voitures, des Legos et des poupées; véritables symboles d’infidèles, selon les extrémistes.

Ce que craignent surtout les insurgés, c’est que les jouets fassent partie d’une tactique d’influence des Américains. Un peu comme après la seconde guerre mondiale, lorsque les G.I. offraient à tout-va des chewing-gums et du chocolat aux enfants européens et japonais. Aujourd’hui, les petits Irakiens reçoivent des peluches et des poupées, mais la stratégie serait la même, selon les insurgés. Derrière l’apparente générosité des soldats américains, il n’y aurait pas que la volonté de se faire accepter par la population locale, mais surtout celle de faire goûter aux enfants le si agréable American Way of Life.

L’ONG Operation Give ne s’en cache pas. Si elle a décidé d’apprendre aux Irakiens le baseball et le football,“ces jeux géniaux de tradition américaine”, ce n’est pas uniquement pour le plaisir d’échanger avec eux d’autres balles que celles des fusils – mais pour que les enfants “apprennent bien plus que ces jeux”. Comprenez: on serait ravis qu’ils se familiarisent avec notre belle culture et langue américaine.

Jouer avec des peluches c’est bien, avec des armes c’est mieux

Et les enfants dans tout ça ? Ils sont sûrement heureux de recevoir des cadeaux de la part des soldats américains, même si ces derniers ne quittent jamais leur gilet pare-balles. Cependant, si les petits Irakiens pouvaient choisir, ils préféraient que les Américains leur tendent non pas des peluches mais des… AK-47. En plastique et avec balles de caoutchouc, mais le plus ressemblant possible. Citée par le journal Al-Arabiya, Dr. Nahed Abdul Karim, sociologue de l’Univerisité de Baghdad, explique que les enfants aiment imiter “et de là vient leur envie d’avoir leurs propres armes“. Mortiers, mini-bombes, lanceurs de roquettes… tant que c’est une (fausse) arme de guerre, l’enfant irakien sera heureux, rapporte Al-Arabiya.

Pour les soldats américains, ces “jouets” sont un véritable casse-tête. Dans les rues, les enfants marchent en groupe, leur AK-47 à la main. On les appelle les “faux gangs”. Mais de loin, difficile de les différencier avec les vrais, ce qui a déjà failli coûter la vie à plus d’un enfant. La faute à une guerre si présente au quotidien qu’elle en est devenue le jeu privilégié des petits irakiens.

Cet article a originellement été publié sur le site de l’Ecole de journalisme de Sciences-Po

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Crédits photo: Flickr CC The U.S. Army

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Toy Story 3, l’homme est un jouet pour l’homme… http://owni.fr/2010/08/25/toy-story-3-lhomme-est-un-jouet-pour-lhomme/ http://owni.fr/2010/08/25/toy-story-3-lhomme-est-un-jouet-pour-lhomme/#comments Wed, 25 Aug 2010 10:12:30 +0000 Olivier Beuvelet http://owni.fr/?p=26011 Ce n’est pas avec plaisir que je vais porter un regard critique sur un film qui est une vraie réussite et témoigne d’un travail de conception et de réalisation particulièrement aboutis, mais la séduction que dégage ce réjouissant programme familial dans l’air du temps se met au service d’une étrange conception de l’homme conçu comme un  jouet dans le regard de celui que Slavoj Zizek ne manquerait pas d’appeler le Sujet Absolu. Et c’est parce qu’au fond ce délicieux programme familial distille aussi bien du plaisir que des idées qu’il me semble intéressant d’en éclairer les soubassements idéologiques qui en font un efficace récit d’initiation à la servilité heureuse de l’homme dans une économie de marché.

Lorsqu’Andy, le petit garçon devenu un fringant jeune homme n’est pas là, ses jouets s’animent, parlent, vivent leur vie personnelle et s’organisent, comme tout ouvrier, ou employé de base qui a fini sa tâche et quitte son rôle pour se consacrer à sa vie de sujet…  Parmi ces jouets qui cessent d’être des objets quand leur propriétaire-employeur s’éloigne d’eux, se trouve un véritable héros, un héros à l’ancienne, un cow-boy, Woody, qui se trouve souvent prendre la direction des opérations et orienter les choix politiques du groupe de jouets composé de toute sorte de différences remarquables par leur capacité à se compléter dans des acrobaties réjouissantes.

Woody, c’est le leader-penseur, le jouet modèle et préféré, qui a toujours un peu de mal à rejoindre le groupe des jouets moins aimés, moins adaptés au milieu, pour les sortir de l’embarras, mais finit toujours par le faire. Il le fait toujours, choisissant l’issue collective, ici rester avec les autres, plutôt que la solution égoïste, ici partir avec Andy à l’université. Cependant, nous verrons que l’objectif de cette union de l’individu performant au groupe ne vise pas une émancipation mais, au contraire, à restaurer une joyeuse soumission au désir de l’autre. En effet, tout héros et tout leader qu’il soit, quand son maître, un enfant qui joue, approche, Woody se couche et se tait, redevient un simple objet de divertissement entre les mains qui font de lui ce qu’elles veulent.

Double projection pour le spectateur

C’est ce passage de l’état de sujet héroïque à l’état d’objet servile qui ne rêve que d’être manipulé, qui m’a interpellé au beau milieu du plaisir que je prenais à ce spectacle. Enfin quoi! Le jouet ne pourrait pas mener son émancipation subjective jusqu’au bout? Il ne pourrait pas se passer de cet enfant et de son désir de jouer avec lui pour continuer de vivre sa vie de sujet loin des mains qui l’asservissent? Je ne pouvais continuer de me voir dans la peau de ce cow-boy en plastique redevenu un gadget de McDo, et qui avait pourtant, auparavant, toutes les qualités dont j’aimerais disposer.

Woody, symbole américain

C’est que le spectateur ne sait pas à qui s’identifier dans ce film, une double projection s’offre à lui… Tantôt il est Woody, comme dans toute aventure cinématographique, il s’identifie au héros plus intelligent, plus fin, plus beau que les autres. Et là il s’agit même d’un cow-boy, le prototype même du héros fondateur de l’héroïsme américain. Tantôt, lorsque son héros tombe raide et reprend sa place d’objet inanimé, se laissant reconquérir par sa matérialité triviale d’objet, le spectateur se retrouve orphelin de son objet d’identification et ne peut que se raccrocher à la figure d’Andy, le seul être humain suffisamment saillant pour recevoir ses projections. Il est au-dessus du héros… et fait la pluie et le beau temps sur le groupe de ses jouets sans que personne ne puisse lui dire quoi que ce soit, il est le seul sujet devant une série dobjets qui lui offrent, chacun, une parcelle de rêve et de plaisir… Changement d’échelle et de monde… A moins de se laisser envahir par le plaisir d’être un objet…

Andy décide de garder ses jouets, les personnages des films précédents, dans un sac poubelle au grenier, sa mère dit “très bien”, il décide de les jeter à la poubelle, elle dit aussi “très bien”, et ce sera aux jouets de se débrouiller pour échapper à la terrible broyeuse du camion-benne. Le jeune homme est un petit roi, il a tout pouvoir sur ses objets. Il part à l’université et décide de n’emmener que Woody, son préféré, il se délocalise et ne trouve plus à employer les autres qui n’arrivent pas, malgré leurs efforts, à lui redonner envie de jouer avec eux. Ils sont au chômage technique et en souffrent et ce sera à Woody de déployer ses talents d’organisateur pour leur trouver un nouvel emploi chez un nouvel enfant après les avoir sauvés des griffes d’un vieux jouet tyrannique qui les avait accueillis et asservis dans une crèche où la mère d’Andy les avait finalement déposés. Il y a ainsi deux types d’employeurs, les gentils comme Andy, auxquels il faut se soumettre et les méchants comme cet autre jouet (un parvenu revanchard) qui a surtout commis l’erreur de croire que son propriétaire l’avait abandonné et en nourrissait une haine tenace, une rage vengeresse de tyran communiste…

Apprentissage de la mortification

Andy, le petit garçon, devenu au fil des épisodes un jeune homme plus sérieux, c’est typiquement ce Sujet Absolu que produit illusoirement une société marchande qui place l’individu dans la position de choisir, en permanence, des objets à consommer, qu’il s’agisse de nourriture, de valeurs symboliques, de produits culturels ou d’autres personnes devenues des objets de plaisir ou de satisfaction narcissique. La grande illusion consiste à substituer à un rapport intersubjectif, plein d’accrocs et de désillusions, un rapport de sujet (c’est toujours soi) à objet (c’est toujours l’autre) tout en ménageant des pauses, des moments où les rôles s’inversent. Ici, c’est la double identification qui opère dans ce registre… Le héros, le cow-boy de notre enfance, celui qui pense et organise, devient un objet dans le champ de l’autre qu’est Andy son sujet absolu. Et le spectateur de s’identifier alors à ce sujet qui traite tous ces personnages qui sont pourtant pour lui, spectateur omniscient, depuis le début du film, bien vivants et bien incarnés, comme de vulgaires pantins inanimés (à sa décharge, Andy ne sait pas que ses jouets parlent et s’animent quand il n’est pas là, mais il doit s’en moquer depuis le temps qu’il aurait pu s’en rendre compte, cela en dit long sur son intérêt pour eux…).

Cette double identification, cet apprentissage de la mortification devant le désir impérieux de l’employeur conjoint à une toute puissance de consommateur, est précisément ce que ce film a de violent et de jouissif pour le spectateur qui peut être à la fois l’objet et le sujet, le héros imbattable (Woody ou Andy) et la victime consentante (un jouet). Il a la possibilité de changer de monde quand la voix de Woody et des jouets s’éteint, d’être en bas, dans le monde prolétarien des jouets que hante la peur d’être relégués et puis en haut, dans le monde des puissants qui usent des autres et surtout, ne savent pas ce qui se passe en bas, l’ignorent et s’en trouvent innocentés.

La finesse du dispositif repose  sur sa perversité même, car c’est l’esclave, celui qui se couche devant le maître, l’enfant qui joue avec lui, qui finalement mène la danse et se joue de l’autorité du maître en obtenant ce qu’il veut sans jamais avoir eu à le demander ou à le revendiquer. Le cow-boy qui renonce à sa subjectivité devant un enfant joueur fait ici figure de masochiste et initie ainsi le spectateur à la condition d’objet du plaisir de l’autre (quand Woody redevient objet) et à la condition de sujet de la jouissance (s’il bascule sur Andy). Chacun manipule l’autre à des degrés différents si bien que chacun semble y trouver son compte. Le patron et l’ouvrier se complètent parfaitement puisque l’un veut dominer sans connaître l’autre et que l’autre veut être dominé tout en le sachant et en l’acceptant plus que volontiers, en en tirant du plaisir. La morale est sauve, et l’ordre social aussi. Les jouets n’ont manipulé l’enfant joueur que pour rester ensemble au service d’un autre enfant et continuer de ressentir le plaisir de se coucher, inertes, devant lui. Ce ne sont pas des révolutionnaires, ce sont des employés reconvertis.

Accepter d’être un objet pour celui qui nous choisit, en attendant de devenir soi-même, un jour, -illusoirement- le sujet absolu qui choisit les autres, tel est peut-être  l’enseignement idéologique que véhicule cette histoire de jouets.

Woody ne parlera jamais à Andy pour lui raconter ses problèmes et enfin, pourquoi pas? Ne plus être son jouet mais jouer avec lui…

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Billet initialement paru sur Culture Visuelle

Crédits image: Flickr CC Happy Batatinha, meddygarnet

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