OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Marques et artistes, une idylle partie pour durer [2/2] http://owni.fr/2010/11/05/marques-et-artistes-une-idylle-partie-pour-durer-22/ http://owni.fr/2010/11/05/marques-et-artistes-une-idylle-partie-pour-durer-22/#comments Fri, 05 Nov 2010 11:15:22 +0000 Aurélien Sooukian http://owni.fr/?p=27732 Cette article fait suite au billet “Marques et artistes, une idylle partie pour durer” [1/2] publié hier, écrit par Aurélien Sooukian.

La scène, souvent perçue comme étant la roue de secours d’une industrie sinistrée par la baisse des ventes de CD, est elle aussi investie par les marques. Ce branding à 360° profitant de l’artiste et toute création qui l’entoure, du tee shirt au spectacle, de la partition au porte clé ne fait pas l’unanimité même si certains l’ont totalement intégré.

Des salles de concerts…

Mais à mesure que les ventes de disques s’écroulent, le premier lieu d’investissement musical est plus que jamais le live. Des méga-marques organisent donc des méga-événements pour conserver leur leadership. Le N°1 des ventes de musique en ligne Apple, organise tous les ans à Londres, capitale du rock, the « iTunes Festival » : 31 nuitées de folie avec plus de 60 artistes. Y sont associés événements physiques et nouvelles technologies, soutenus par une solide stratégie 360 : « Can’t be there ? You can enjoy the best of the Festival from wherever you are on TV, online and on iPhone, iPad or iPod touch and twitter ». En France aussi, les sponsors foisonnent : Le 21 juin dernier, TV5 Monde, Radio France, France Télévisions, et même le Crédit Mutuel se font l’écho de la fête de toutes les musiques en tant que sponsors officiels.

Là aussi, c’est du win/win : les sponsors apportent aide technique et artistique à certains jeunes participants, le programme des manifestations est largement diffusé, les personnes et structures qui peuvent s’associer et s’enrichir mutuellement sont mises en contact…Les logos se font leur place sur les programmes, dans la presse, et les retombées en terme d’image pour ces enseignes n’ont pas de prix.

… aux scènes virtuelles

A l’heure où les PMU résilient leurs baux commerciaux les uns après les autres, le point de rencontre s’hyper-virtualise. Le rendez-vous est bel et bien devenu l’histoire d’un clic.

Paradoxe : Facebook et autres Twitter, symboles mêmes des communautés virtuelles, incitent maintenant aux rencontres vivantes : fêtes annoncées sur des groupes publics, apéros géants, soirées à thème. Par ce biais, les organisateurs de la « Desigual Kiss Kiss party», où By Music s’est rendu en juillet dernier, provoquent du contact humain.

Les guest groups (Pony Pony Run Run en première partie, suivis d’un set de Nicolas Ullman), en vedette sur tous les flyers, ont trouvé un levier plus efficace que Myspace pour faire parler d’eux.

Afin de célébrer l’ouverture de son nouveau magasin à Opéra, et surtout d’y densifier les visites, l’audacieuse marque espagnole mise sur le cadeau « laissez-passer » : un nombre limité de T-shirts aux couleurs de la nuit du baiser attendent les clients dans la boutique, leur permettant ensuite d’accéder au concert, comme un VIP.

La population de fans est peut-être un peu jeune et surexcitée, mais bien décidée à faire la pub de la boutique aux vêtements asymétriques.

Dans le même registre, le rappeur Common s’était lui aussi produit lors des Block Parties organisées pour le parfum Only The Brave by Diesel.

Alors, artistes : ambition ou corruption ?

On a longtemps dit que l’art ne s’achète pas. Pourtant les artistes aujourd’hui, dans leur course à la célébrité, ont à leur disposition un arsenal complet d’outils pour se vendre. Ils peuvent plus aisément que jamais choisir leur degré d’indépendance et « s’auto-marketer» pour se démarquer.

A tel point que l’on se demande si le quotidien de certains d’entre eux est toujours la musique. Ces dernières années, l’endorsement (association avec l’artiste, comme H&M et Madonna par exemple) a explosé.

Des figures parfois moins connues du grand public que La Madonne mais toutes aussi respectées dans leur milieu deviennent vite des hommes d’affaires. Dès 1992, le hip-hoppeur Russel Simmons et fondateur du label Def Jam lançait déjà sa ligne Phat Farm aux notes élégantes et sportives. Aujourd’hui encore, les collections s’arrachent de ses vitrines en plein centre de Soho.

Plus récemment, Pharell Williams ne tarde pas à s’en inspirer et va plus loin dans le haut de gamme en faisant appel à Louis Vuitton pour signer une collection de joaillerie de luxe. En 2005, Kanye West tente à son tour de s’affirmer en tant que styliste sans y parvenir.

C’est encore Louis Vuitton qui acceptera de le servir en cosignant avec lui des sneakers qui connaîtront un beau succès. Depuis Missy Elliot en égérie d’Adidas, ou Justice pour la gigantesque basket Nike, on n’arrête plus les bénéfices à double sens. Dans les couloirs de métro cette année qui n’a pas vu Bob Sinclar offrir son image aux casques Sennheiser ?

Alors, les artistes vendent-ils leur âme au diable ? Certains grands noms comme Erykah Badu, musicienne accomplie à l’âme militante, l’affirment et s’élèvent au contraire contre les diktats de la consommation : la chanteuse se dévêt entièrement dans son clip Window Seat, ôtant une par une chaque couche que voudrait lui faire endosser la société. A-t-elle oublié qu’elle donnait pourtant en 2008 dans un genre purement commercial, quand elle se parfumait au White Patchouli pour une publicité Tom Ford ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Elle nous offre en tous cas la meilleure des conclusions : parce que les artistes sont devenus des marques et les marques des agrégateurs de contenus, leurs destins sont plus que jamais intimement liés.

Cet article a été initialement publié sur admirabledesign.com

Crédit photos flickr CC: Samantha Decker; Fotocheska; lovecat

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Le divertissement va-t-il financer l’information ? http://owni.fr/2010/06/22/le-divertissement-va-t-il-financer-linformation/ http://owni.fr/2010/06/22/le-divertissement-va-t-il-financer-linformation/#comments Tue, 22 Jun 2010 17:58:20 +0000 Cyrille Frank http://owni.fr/?p=19848 Un excellent billet de Jean-Christophe Féraud évoquant les usines de production de l’information que sont devenues AOL et Yahoo,  m’a conduit à réfléchir à la récurrente question du financement de l’information de demain.

Jean-Christophe constate qu’avec les plateformes de création de contenus ‘Seed’, ‘Demand media’ ou ‘Associated Content’, qui fonctionnent sur la popularité des sujets (par analyse des mots-clés en amont), se profile un dangereuse paupérisation intrinsèque du journalisme.

Qui ira encore financer un reportage sur la censure en Chine ou en Iran, sachant que ces papiers, par essence, n’intéressent qu’une minorité de lecteurs et sont donc « génétiquement » non rentables ?

Phénomène familier qui a déjà touché la télévision et qui explique la ligne éditoriale franchouillarde, cocardière et limite poujadiste du journal de 13h de TF1, pour ne citer que le plus emblématique.

Je suis bien obligé de reconnaître qu’il a raison de s’inquiéter, car avec des systèmes de rentabilité aussi mathématiques, je vois mal comment les journalistes peuvent réussir à tirer le lecteur vers le haut, en lui proposant des sujets et des points de vues parfois différents de son univers d’origine ou de son avis préalable.

Vers un appauvrissement de l’information ?

En travaillant sur le principe des mots clés, on retombe dans ce travers du web qui est celui de la caisse de résonance ou de la tautologie communicative. On ne parle que ce dont on parle déjà, dans une spirale Eisherienne. Appauvrissement de l’horizon informatif, affaiblissement de la diversité, renforcement des inégalités culturelles.

Renforcement des inégalités culturelles, car bien sûr, seuls les plus éduqués, et donc statistiquement les plus favorisés socialement, pourront aller chercher d’eux-mêmes les compléments (devenus payants) à ces informations à bas coût.

Usines à contenus, un danger à nuancer

Toutefois, si ce modèle production automatisé fait peur, dans la mesure où il est embrassé à grande échelle par les portails géants américains, je ne pense pas qu’il puisse répondre àtous les besoins d’information.

Lorsqu’on s’intéresse aux articles produits par les usines à contenus, on constate qu’il s’agit beaucoup de sujets pratiques ou d’agrégation d’informations trouvées sur le web.Comment préparer un bonne vodka, comment décrocher un job… ou les dernières frasques de telle personnalité people…

Pas de fabrication à la chaîne de reportage sur le terrain de la prise d’otage, du coup d’Etat en Thaïlande etc. Rien qui nécessite des moyens si énormes qu’ils interdisent la rentabilité de leur fabrication.

Or, je doute que les citoyens, y compris de la classe moyenne ou populaire, soient enclins à renoncer à ce type d’information, à cette fenêtre sur le monde qui leur est devenue nécessaire.

La vraie question est donc celle du moyen de renouveler le financement de ce type d’info.

Le salut viendra du divertissement

Je crois que nous avons déjà plus ou moins la réponse à cette question… c’est le divertissement qui financera l’info « sérieuse », « citoyenne » ou disons simplement l’info non-rentable.

Personne ou presque n’a jamais son journal que pour l’actualité. Ce qui justifie le prix du journal, c’est l’actualité facteur de lien social, mais aussi l’ensemble des services et notamment de divertissement, sans oublier les infos pratiques qui assurent un « mieux vivre » : météo, mots croisés, turf, cartoon…

Le Huffington Post le prouve, c’est grâce au people et au sexy qu’il engrange le gros de son audience (cf excellent billet de Cédric Motte). C’est aussi le positionnement du Post ou deGuy Birenbaum qui constatait l’autre jour que ses billets stars avaient des mots clés people ou sexy dans les titres.

En télévision sur le service public, les audiences cartons des jeux financent les productions plus « culturelles ».

Et cette équation est vraie pour quasiment tous les journaux, c’est ce qu’on appelle tout simplement une ligne éditoriale, mélange subtil de contenus racoleurs (pour l’audience et la satisfaction plus ou moins malsaine du lecteur, dont je fais partie), d’infos pratiques, d’actus people, mais aussi d’analyses et points de vues contradictoires, d’enquêtes, de reportages plus ou moins sérieux et accessibles.

C’est d’ailleurs là qu’intervient le principal talent du journaliste : rendre digeste, accessible voire agréable, tout en apportant un service : du sens, du divertissement, une info pratique…

Packager l’information à la sauce plaisir

Ce qui a probablement changé, c’est ce que les marketeux appellent le « mix-produit ». Ce ratio entre divertissement et information qui tourne à l’avantage du premier.

Il me semble que notre société évolue vers davantage de besoin de divertissement et de plaisir en général, ce qui explique aussi le succès de « l’info-tainment » à la Canal+.

Ce n’est pas tant que les individus se désintéressent du sens, mais il faut le leur packager différemment, sans effort ou sans « prise de tête », et si possible avec une sauce plaisir.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Alchimie compliquée que réussit parfois le petit journal People, lorsqu’il se moque des incohérences des politiques, des mensonges et manipulations sur un mode comique et décalé.

Certaines séquences qui rappellent l’excellent ASI,  en plus fun (et moins profond).

Imiter Apple : soigner la forme pour vendre le fond

De la même façon qu’Apple a réussi à convertir les consommateurs grâce à ses design et ergonomies simples et ludiques, je pense que l’information doit évoluer vers un emballage plus attrayant qui tient compte de cette évolution sociologique, sans trahir ses missions essentielles.

Il faudra probablement aussi diversifier son offre pour séduire des publics différents et financer le déficit de l’un (le sourcing, l’enquête) par les excédents de l’autre (l’agrégation, le fait divers, le people). C’est je crois, ce qu’a tenté de faire Le Post, mais de façon déséquilibrée, ce qui a fait fuir les annonceurs.

Enfin naturellement, il apparaît essentiel d’aller chercher tous ses publics là où ils sont : réseaux sociaux, tablettes, mobiles, journaux papiers (et oui il y en aura encore pour longtemps) et demain peut-être les terminaux multimedia fusionnant TV, Internet, visio-téléphones et que sais-je encore…

Il ne suffira pas d’exploiter un nouveau canal de diffusion, qu’il s’agisse de Facebook ou de l’Ipad. Il faudra aussi changer les pratiques journalistiques, les mode de narration, voire de scénarisation. A ce jeu, certains ont plus d’avance que d’autres, si vous voyez ce que je veux dire…

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Billet originellement publié sur Mediaculture, sous le titre “Financement de l’info: le salut viendra du divertissement”.

Crédits Photo CC Flickr : Neo Porcupine.

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Jeunes journalistes, arrêtez de penser comme des vieux cons http://owni.fr/2010/05/31/jeunes-journalistes-arretez-de-penser-comme-des-vieux-cons/ http://owni.fr/2010/05/31/jeunes-journalistes-arretez-de-penser-comme-des-vieux-cons/#comments Mon, 31 May 2010 16:30:41 +0000 Reguen http://owni.fr/?p=17097 Petite précision de la rédaction : bien qu’OWNI “arrête la frise du Net aux cinq dernières années”, nous avons dans nos cartons un projet de fond qui nous tient à coeur : une histoire du web français. Car pour fréquenter régulièrement des dinosaures du web et leur accorder une place de choix sur la soucoupe, ce jeune vieux con de Jean-Marc Manach, Eric Scherer, qui est un de nos parrains, sans parler d’un nostalgique du papier comme Jean-Christophe Féraud, nous sommes bien conscients de n’avoir rien inventé.

En plus, nous ne sommes pas (tous) journalistes :)

Ce qui ne nous empêche pas de trouver ce billet pertinent…


Billet d’humeur sur un milieu que je connais peu (comme SCANDAL) et qui me fait pourtant pas mal cogiter : les jeunes journalistes qui peuplent ma timeline Twitter. Des personnes intelligentes, passionnantes, avec un sens aigu du bon lien mais avec la mémoire d’un poisson rouge alzheimerique quand on parle de journalisme sur le Web.

D’ailleurs, peu de noms mais beaucoup de pseudos Twitter dans cette bafouille rageuse. Le jeune journaliste ne nomme plus, il pseudise. On va vite vous remettre dans le droit chemin, c’est moi qui vous le dis.

Le texte est incohérent et ce n’est pas grave.

Un jeune journaliste, c’est quoi ?

Un ex-dreadeux avec un clavier entre les mains, un diplôme d’école de journalisme et beaucoup d’arrogance.

Les jeunes journalistes sont l’avenir du journalisme. Et ils le savent. Donc chacun, au travers de dix liens par jour et de discussions sur l’avenir de la profession, prophétise un jour l’iPad comme sauveur de la presse avant de l’abandonner le lendemain au profit « d’une révolution des contenus » et le surlendemain de l’avènement des blogs mutualisés à l’annonce des résultats de l’Huffington Post.

Des jeunes qui pensent pour la plupart de la même manière, au gré de l’actualité, qui adoptent le point de vue des anciens qu’ils sont censés conseiller, voire éclairer sur l’avenir de la profession, digital natives qu’ils sont.

A trop bien connaître ces « anciens » qui prennent le Web autant pour une plaisanterie de jeunes que pour un mal nécessaire (et incompréhensible), ils perdent toute envie de regarder ce qui se faisait sur le Web avant 2006. L’actualité est déjà assez dense pour avoir à s’embêter avec des cours d’histoire.

Des jeunes qui ont du coup toujours les vieux modèles et noms en tête alors qu’ils devraient les laisser mourir (oui, je parle bien des grands journaux, entre autres) parce qu’ils veulent les voir perdurer pour un jour y travailler, ou y continuer.

Ce jeune journaliste sort ou étudie donc dans une école de journalisme. La diversité et l’originalité intellectuelle est donc une gageure de ce milieu qui occupe bien le devant de la scène Web.

Côté vie réelle, la directrice de l’IJBA confiait pourtant aux candidats à l’édition 2009 de leur Koh-Lanta, que seuls 15% des journalistes sortent effectivement d’écoles. Une proportion qui laisse songeur.

Je suis geek avant d’être apprenti-journaliste, donc les récits des jeunes ahuris à l’entrée d’écoles rêvant d’Aubenas et de grande presse me laissent moqueur. Ils veulent devenir journalistes, pas informer par passion. Un tort impardonnable qui les mène à croire tout ce que disent les professeurs sortis de médias vieillissants.

Le personal branding pour éviter de réfléchir

Les jeunes journalistes personal brandant, ce sont les (très) sympathiques et intelligents @StevenJambot, @PaulLarrouturou ou @JeremyJoly. Symptomatique de ce que j’avance, le web docu Link Generation de ce dernier recueille les avis d’autres jeunes journalistes et de vieux de la presse en occultant complètement des mémoires vivantes de l’économie des médias Web comme @EParody.

Intelligents je disais aussi, parce que Jérémy écoute les critiques des râleurs dans mon genre et prend note des propositions pleines de fautes qu’on peut formuler pour compléter cette excellente initiative.

Ils se caractérisent par le culte du personal branding, du lien, du tweet-clash et toutes ces choses qui distrayent en battant des bras dans l’air. En collectionnant les « réflexions » sur trente sujets liés au journalisme, on en arrive à une activité disparate, perdue un peu partout sur la Toile, sans lieu ou moyen de réflexion commun. Alors peut-être qu’ils ont ces discussions en école, mais rien n’en ressort sur le Web. Just for the show, donc.

Pareil pour Owni d’ailleurs, qui malgré un contenu de (haute) qualité et une démarche originale, se concentre uniquement sur le neuf et se prend pour un pionnier lunairiste en arrêtant la frise du Net aux cinq dernières années. Les dix ans précédents passent encore au broyeur de la jeunesse, de l’autopromotion et de la nécessité d’un discours de nouveauté.

Les jeunes journalistes : de l’intelligence mais un spectre limité

Aussi, geek que je suis, je sais que les pure players, ce n’est pas les adulés Rue89, Slate ou Mediapart mais ZDNet, PC INpact, Numerama, Tom’s Guide ou le Journal du Net. Des journaux en ligne qui vivent (bien ou moins bien) de leur production (ou d’activité annexes des groupes qui les supportent) que ces jeunes journalistes ne connaissent pas parce que leurs professeurs, sortis de la vieille presse ou de médias audiovisuels, ne leur en ont jamais parlé.

La presse spécialisée dans les nouvelles technologies est la première à avoir investi le Web, à avoir connu les affres du financement d’un média à une époque où le Web était moins développé et à s’en être (très) bien sortie, au point de pouvoir maintenant étendre ces marques sur divers supports.

Je le sais d’autant mieux depuis mes deux mois chez ZDNet qui fournit un travail d’une très grande qualité (avec des analyses souvent bien moins molles que celle des « grands médias ») et m’a bien ouvert les yeux sur l’état de la « vraie » presse en ligne. Celle des pure players qui a trouvé des modèles éditoriaux et commerciaux assez cohérents pour vivre de leurs écrits depuis plus de dix ans et continuer sur cette voie encore longtemps.

On pourra me rétorquer que ces modèles (adossement à des comparateurs de prix, à des groupes d’audits, marketing direct…) ne sont pas applicables à la presse généraliste. Un bon point qui ne doit pourtant pas faire oublier qu’ils existent et qu’ils peuvent être de bonnes inspirations pour des modèles dérivés.

Donc : OUI, la presse en ligne a un avenir, et un très long passé même. Il faudrait apprendre à le connaître avant de discuter de l’édition « pure Web » comme d’un phénomène émergent. Groumph.

Mon lot de bêtises

Ce billet coup de gueule doit être bourré d’erreurs, d’inexactitudes et d’oublis qui en font tout l’intérêt. Ca vient aussi d’une très profonde frustration face à un discours que je lis tous les jours sur le Web. Discours qui provient de ces jeunes et moins jeunes journalistes, avec leur arrogance de « gens des vrais médias » qui croient que l’édition en ligne, à part eux, se limite aux blogs.

Les commentaires avec du « Tu n’y comprends rien, petit imbécile qui croit tout connaître » sont bien entendu les bienvenus. :)

Open your eyes, bidule de mince.

Parce que je n’écris jamais de billet sans insérer de clip compromettant

Enfin non, mais bon. Un peu de musique bizarre ne devrait pas vous faire de mal. Donc Mind Wall par le géant Towa Tei, c’est parti. Wesh.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

> Article initialement publié sur Irregulier.net ; la réponse de Steven Jambot à ces critiques : faire du concret en Afrique australe

> Illustration CC Flickr par One Laptop per Child

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Rêve de Geek, théorie du complot ou réalité : choisir tu devras http://owni.fr/2010/03/02/reve-de-geek-theorie-du-complot-ou-realite-choisir-tu-devras/ http://owni.fr/2010/03/02/reve-de-geek-theorie-du-complot-ou-realite-choisir-tu-devras/#comments Tue, 02 Mar 2010 17:10:22 +0000 Emgenius http://owni.fr/?p=9307

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Subtilement, comme un frémissement de la force seulement perceptible de Maître Yoda, la République de France et son corollaire planétaire, basculent vers un empire numérique d’Après. J’ai commencé à m’en rendre compte à l’époque du vote d’Hadopi, au nom de la sacro-sainte liberté des ayants droit à sauver leur business malmené par le téléchargement. J’attends donc que la rébellion guidée par ce jeune puceau brushingué pilote de X-wing vienne foutre le bordel. Mais j’ai un doute.

Palpe A Tignes

Ça a commencé par une petite loi, répercutée en Suède ou au Royaume-Uni, qui n’a pas ému grand monde. Après tout, que les gamins se remettent à consommer légalement la daube packagée par Pascalou et ses amis n’est pas un sujet de prime importance dans un monde soumis au diktat des crises économiques et écologiques. Sauf que. Sauf que personne ne s’est réellement indigné, dans l’opposition ni l’opinion publique qu’une industrie culturelle s’interdise, et fasse interdire le mouvement vers le renouveau et rende pirate toute réflexion autour d’une alter-consommation.

Un peu comme si la filière charbon au milieu du xxe siècle s’était mise à imposer un produit salissant et économiquement non neutre contre la technologie électrique, mélangeant un discours réel de danger nucléaire et de faux arguments concernant la difficulté à produire ensuite des calorifères efficaces. Obligeant le monde entier à se salir les doigts, descendre à la cave avec le seau à charbon pour nourrir le poêle alors que tout un chacun pourrait produire son énergie éolienne. Ceci au prétexte que les constructeurs d’éoliennes ne se préoccuperaient que très peu des artistes et de leur possibilité de se nourrir. Il faut bien manger qu’ils disent. Moi je réponds que d’habitude, quand on va produire une Renault en Turquie ou qu’on ferme une aciérie de Lorraine, on s’en occupe assez peu de la perte d’emploi et de la galette de riz qu’on mange.

Ainsi, une industrie a réussi a faire légiférer contre le plaisir de la population, sur des principes liés à la consommation de fichiers numériques ou de rondelle irisée. Que nombre de groupes contemporains se soient créés en accédant au vivier Napster, que plein de gens puissent avoir accès à une forme de culture musicale ou cinématographique, que les mêmes industries culturelles Warner, Sony… vivent déjà en partie des reports financiers de la population du disque et du DVD vers l’informatique, les concerts devenus hors de prix ou les jeux pour consoles nouvelle génération… Tout cela importe peu.

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Plutôt que de réfléchir à un autre business possible (les revenus numériques d’Universal ont progressé en 2009… qui en a parlé ?), plutôt que de promouvoir une autre forme d’économie mélangeant stream, concert et merchandising (cf. ma réflexion ici), ils ont préféré refermer la porte du pied comme pour éviter le courant d’air.

Ça a commencé comme ça, dans ma réflexion de Padawan. Une législation liberticide a interdit la remise en question. La crainte de licenciement, l’image de l’artiste sonnant à la porte de Mécène pour quémander son panier d’artiste a eu raison de la réflexion globale, innovante, différenciée.

Et puis vint l’empereur Dark Sidious

Puis il y eut les pédophiles, les jeux vidéos violents et les petits n’enfants qui risquent de tomber sur les bites de Chatroulette, les vilains mafiosos aussi qui polluent la planète et droguent les fils de bonne famille… Loin de moi l’idée de cautionner pédophilie ou mafia. Loin de moi l’idée de tenir un discours tout rose quant à internet. Mais de la crainte naquit le vote de Loppsi.

Je n’ai pas envie que ma progéniture se fasse alpaguer par un pédophile sur MSN. Je n’ai pas envie qu’un guignol squatte ma page Facebook ou se mette à vendre du Viagra via mon blog (il l’a déjà fait le bougre). Pourtant je m’insurge contre le relatif manque d’implication de la population contre Loppsi. Ces mêmes gens qui s’insurgent contre les teubs sur Chatroulette et qui n’ont aucun scrupule à laisser des bouts de chou de moins de trois ans à de parfaits inconnus ou presque, appelés nounous agréées. Ces mêmes gens qui regardent nos chaînes nationales et ne détournent pas les chastes yeux du JT où pleuvent les cadavres, ou des teasers de CSI plein de macchabées. Ces mêmes gens qui oublient que l’usurpation d’identité est déjà un délit pénal, que la pédophilie est déjà condamnée et qu’on peut aussi élever sa progéniture, à partir d’un certain âge, une fois qu’on a décidé ensemble de désactiver le logiciel de contrôle parental. Prendre le temps d’apprendre ce qu’est une e-réputation et quels sont les mécanismes des connards cachés derrière le web.

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Ils ont voté Loppsi dans une indifférence quasi généralisée. Parce que Facebook c’est le mal et ça s’attaque à tes données privées. Parce que Google stocke tes données personnelles pour t’envoyer des pubs ciblées. Mais ils se moquent pas mal de savoir qu’il faudrait un « pas grand-chose » pour que les infos de la carte vitale soient reliées à un assureur ou qu’on utilise Navigo et puce de GSM pour savoir précisément où on se trouve. Pour un but largement moins coton que me fourguer des publicités liées aux services mobiles. Ils ont oublié que Facebook ne se nourrit que de ce qu’on lui donne et que c’est avant tout d’éducation aux nouveaux médias et à l’identité numérique dont les ados ont besoin, plutôt que d’interdiction au sens rétro du terme.

Parce qu’une loi et une interdiction c’est un écrit à double tranchant. Parce que si tu donnes une loi à un homme ,il sera protégé un jour, si tu l’éduques, il sera protégé toute sa vie…

Pendant ce temps, de l’autre côté des Alpes, Berlusconi usant des mêmes types d’armes a décidé de faire taire les webtv qui gênent un peu trop le discours lissé à grand frais de communication télévisuelle. Ils ont voté Loppsi et il n’y a plus qu’à espérer que jamais un gars comme Pétain (notez je ne dis pas Hitler pour ne pas atteindre le point Godwin) ne revienne en France et ne décide de valoriser le travail, la famille, la patrie ; quitte à éradiquer au nom de la morale, les activistes du web qui oseraient nuire à l’ordre public en instillant des idées perverties dans les jeunes cerveaux.

« #Merilest fou » es-tu en train de penser. Oui sans doute un peu. Heureusement que la France ne se met pas à repenser des discours d’identité nationale ou que l’Hexagone ne se mette pas à fustiger une partie de la population pour des notions de religion ou de port de casquette de travers… hein. Heureusement dites. Ok « #merjesuisfou » quand même.

L’Empire galactique marque le retour du règne Sith sur la galaxie, après celui de la démocratie sous la protection du Conseil Jedi. L’Empire est une formidable machine de guerre, associant un grand nombre de vaisseaux et une technologie importante. De nombreuses découvertes sont faites. Cependant, il y a quand même un point noir sur le plan social ; l’Empire galactique a régressé par rapport à la République. En effet, c’est un empire xénophobe, qui privilégie les humains aux autres espèces de l’Univers. Les infractions à la loi sont rapidement suivies d’exécutions ou de sanctions très importantes. Son armée est composée de non-clones entraînés dans des mondes comme Carida.

Une paix impériale, voire royale

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Ils ont voté Loppsi. Puis on a annoncé l’iPad. Un gros iPhone en somme. Apple a annoncé l’iPad et les médias se sont engouffrés dans la brèche. Parce que quand même c’est hype un Steve Jobs. C’est un truc végétarien qui fourmille de bonnes idées, même après être revenu de chirurgie. Ils n’ont pas tout à fait tort les journalistes. Mais surtout ils se remettent à rêver. Enfin pas forcément le pigiste chargé de l’analyse technique de l’engin, non non. Son chef, et le chef de son chef. Et l’actionnaire qui investit depuis des années des ronds dans un truc qu’il a du mal à rentabiliser. Et son collègue du gouvernement qui subventionne chaque année un truc qui dit parfois du mal et ne rapporte pas toujours.

Apple a annoncé l’iPad et la presse s’est mise à rêver pour elle-même des modèles économiques de l’App Store. On pourra revendre des pages web comme on vendait jadis des journaux. On va pouvoir faire de l’Internet payant, ajouter de la valeur à nos rédactions, à tous ces fainéants qui composent nos rédactions. On va les appeler journalistes globaux. On les payera au papier et ce papier on le poussera sur tous les médias payants. One fits for all. Qu’importe si l’info qu’on relaie est strictement la même que celle du voisin branché lui aussi sur l’AFP, qu’importe si, de fait ,de journal d’opinion on est surtout devenu une entreprise avec un comptable et des comptes de résultats, des familles et des bouches à nourrir. L’App Store appliqué à la presse serait la panacée. Le Graal. Comme les copains des maisons de disques, on n’aura pas à se poser la question de notre valeur ajoutée, de notre mode de fonctionnement, de notre utilité ou du rôle de notre métier dans un monde qui va généralement plus vite que notre structure à l’ancienne. L’information va redevenir payante, youpiiiii les gens seront prêts à acheter le bousin et nous à repartir comme en 40 euh non, comme en 45. Restera juste à fustiger un peu ces cons de blogueurs et prédire leur mort annoncée. Ils l’ont déjà fait ? naaaaaaaaan ;-)

Depuis une semaine, Orange prétend qu’il y a Internet et Internet par Orange. Et tout le monde s’en fout. L’App Store a ouvert la voie. Défriché les réticences. Ben oui puisqu’il y a services mobiles et App Store. Puisqu’il y a Internet et Internet sur iPad, pourquoi n’y aurait-il pas aussi Internet et Internet par Orange. De l’Internet enrichi, selon la publicité de l’opérateur. De l’Internet qui donne envie de venir chez nous. Quoi Internet c’est neutre ? Ben non regarde, Apple a décidé qu’il n’y aurait pas de fille nue dans son internet propriétaire, et il n’y a pas de fille nue dans l’Internet par Apple. Oui quoi oui ok y’a le navigateur sur l’iPhone. Vous avez déjà fait le test ? Qui va encore sur le navigateur quand il a les applications idoines validées par Steve Jobs. Et puis quel navigateur d’abord ? Le navigateur Internet ou le navigateur Internet par Orange d’après Loppsi et filtré Hadopi.

Oiseau de mauvais augure, m’entends-je répondre. Placer Pétain dans une chronique est de mauvais goût. Tu sais bien que la France ne sera jamais une dictature. Regarde le tollé quand Le Pen est arrivé au second tour. Oui. Vous n’avez pas tort.

Ou l’économie réelle remplace la “théorie du complot” dont je sais que vous allez me taxer. Allez avouez.

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Le pire, c’est que ce que je crains le plus n’est pas un putsch dictatorial à la Palpatine, façon grand complot stellaire. C’est un putsch de démocratie économique. Quand nous serons bien mûrs. Quand nous aurons ré-appris à acheter le dernier Michel Sardou, à payer pour un DVD de film blockbuster, voire à repayer pour la catch up d’un film qui est déjà passé à la télévision… La dictature économique risque d’envoyer toute réflexion, toute réelle liberté d’expression, toute remise en question des modèle au rang des oubliettes de l’histoire contemporaine.

Quand Overblog ou OVH se sera mangé ses X procès pour mauvais contrôle des contenus publiés, vont-ils continuer à fournir un accès de base à tarif tout démocratique ? Quand on aura mis en cause le FAI pour le fichier illégal ou irrévérencieux passé par son réseau, quand la controverse ne sera plus possible donc plus génératrice de pages vues publicitaires ; leur modèle économique sera-t-il encore viable ? Sera-t-il économiquement intéressant de proposer des modèles démocratiques ou gratuits et publicitaires ?

Quand la France aura connu ces premiers procès retentissant liés au téléchargement illégal, les maisons de disques continueront-elles à nourrir Spotify et Deezer (qu’elles sucent au sang en ce moment en attendant des jours meilleurs) ? Quand il faudra payer pour lire Slate, Libé, Le Figaro ou Le Post, quand émettre un commentaire sur Rue89 sera payant est-ce qu’on aura encore un large panel de commentateurs représentés, un large choix de lecture d’opinion ou faudra-t-il se résoudre à l’économie et à la pensée d’une seule source? Quand il faudra systématiquement payer pour obtenir un contenu musical, voir un film ou une série américaine qui, à part les maffias et les marchands de disque dur, pourront encore enrichir leurs connaissances, développer leur créativité au vu de la diversité.

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Quand il faudra additionner le coût de la VOD au jeu Playstation, quand ce coût viendra s’ajouter aux frais de stockage de photos sur le web, et à l’hébergement web, quand cette facture viendra s’enrichir de celle de l’internet ++ avec Orange et de l’accès au portail 3G++ de Vodafone… qui aura encore accès aux web, qui pourra encore poser une idée divergente, un avis, un concept qui ne soit pas d’abord filtré par l’accès au portefeuille et la possibilité de sortir les biffetons supplémentaires. Certaines entreprises mettront la clé sous la porte. D’autres se repenseront. Sans doute celles moins « mainstream » ou ciblant une niche. Celles capables de se réinventer rapidement (ce que n’ont pas su faire les industries culturelles pour info)

En quoi le net sera-t-il encore neutre, multiple, nourri de mille voix ? En quoi les entreprises de presse, les médias et les industries culturelles seront appelées à innover sous peine de mort poussée par une foule plurielle, consommatrice mais autrement.

Où naîtra la vraie réflexion, la pensée multiple opposée à la pensée unique validée par Loppsi et les gouvernements ? Où se diffuseront les étincelles de génie et les brasiers contestataires. Où sera-t-il possible de trouver le contraire du pire et de se former à ne pas se laisser berner par le pire au contraire ?

Hadopi, Loppsi, Ipad, ACTA, Patriot Act, lois italiennes, Internet et Internet par Orange se sont bousculés dans ma tête cette nuit au milieu d’un rêve de geek. J’ai entrevu l’ère digitale de demain qui ressemble presque à l’image que Korben en a faite. Pire encore, parce que chacun de ces éléments sera venu en loucedé, discrètement, à la faveur d’une faillite économique, d’un procès retentissant, d’une charge contre l’immoralité.

Petit à petit. Pas à pas et de démission publique en impression de ne pas être concerné. Derrière des hurlements de cabri sur telle ou telle trivialité du paysage politique. Tout se met en place pour un appauvrissement de l’offre gratuite, démocratique et le retour des anciennes pratiques économiques remodelées à l’usage du web. Après il ne reste plus que le passage d’un Aigle ou d’un Pétain du XXI e siècle pour que comme ça, gentiment de « rien à foutre » en WTF nous ayons nous-mêmes laissé se créer un nouveau monde policé et moraliste.

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Reste à espérer que ce jour là la France des Lumières que j’ai toujours encensé se réveillera, mue par un commun intérêt (la liberté ? Le pouvoir d’achat ? La fin du capitalisme financier ?) et s’en ira prendre la bastille numérique. Ce jour là je ferai partie du corps brabançon et porterai sur la poitrine ma cocarde planétaire.

Le manque de liberté attise les rébellions, et bien que de nombreux systèmes n’osent pas combattre par peur des représailles de l’Armée impériale, un groupe de rebelles intrépides ose s’opposer à lui. Ils infligent beaucoup de pertes aux impériaux grâce à des techniques de guérilla.

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@Emgenius

Plus+

Toutes mes références historiques sont tirées d’ici

> Toutes les illustrations proviennent de la merveilleuse galerie Flickr Stormtroopers 365 de Stéfan

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Financement du journalisme : quel(s) modèle(s) économique(s) ? http://owni.fr/2010/02/14/financement-du-journalisme-quels-modeles-economiques/ http://owni.fr/2010/02/14/financement-du-journalisme-quels-modeles-economiques/#comments Sun, 14 Feb 2010 15:01:36 +0000 Josselin Perrus http://owni.fr/?p=8176 Le journalisme, et plus généralement l’industrie du contenu sur internet, n’a pas encore trouvé de business model. Dans ce post, publié en deux fois pour rester digeste, j’examine les différentes possibilités de financement observées sur internet ou issues de mon imagination (*= les options qui me paraissent particulièrement novatrices):

Publicité : je ne vais pas détailler le constat qui a déjà été fait par beaucoup d’autres : baisse du CPM, explosion de l’inventaire, ad-blindness,… La publicité ne suffit pas et suffira de moins en moins à financer la création de contenus.

Subvention : la presse est déjà largement sponsorisée par l’Etat au titre de la pluralité. Cela pose cependant 2 questions :

  1. Comment décider qui reçoit les aides à l’heure où le journalisme ne se limite plus à la possession d’un carte de presse, à l’heure où les frontières entre la production de différents types de contenus sont plus en plus floues : art/journalisme/activisme/marketing/divertissement ?
  2. Ce type de financement est-il démocratique si la part de l’Etat devient prépondérante ?

Cross-financement avec d’autres services : sur le modèle du portail. La création de contenu est une sorte de produit d’appel qui permet de créer du trafic qui est ensuite monétisé avec d’autres services (annuaires, petites annonces, et…) Ce modèle me semble dépassé : il fait appel à des compétences qui ne sont pas au cœur du métier de la création de contenu. Et il n’assure pas à la création de contenu une autonomie de financement.

Vente d’un support : auparavant la vente du journal papier. Certains imaginent que les applis iPhone payantes peuvent devenir un relai. Je ne le crois pas : on n’achète qu’une seule foisune appli. Et l’élasticité prix des internautes sur ce genre de chose ne permet pas d’appliquer des prix élevés.

Abonnement à une source d’information : il s’agit là du bon vieux paywall binaire : si tu paies tu as accès au contenu, sinon non. Je ne crois pas non plus à ce modèle, et pas seulement parce que cela pose des problèmes pour tout ce qui est référencement et médias sociaux. Les utilisateurs sont désormais dans une logique “show me the value” avant d’être prêts à payer. L’absence de progressivité me semble être un problème.

Abonnement à une expérience* : je ne ferai que reprendre ici l’argumentaire de Nicholas Carr à propos de la formule adoptée par le New-York Times. Il sera possible de consulter autant d’articles que voulus à condition d’y accéder au travers des médias sociaux : la consultation d’articles à partir de liens externes au site n’entamera pas le “pack” d’articles autorisés dans la formule gratuite. Ce pack ne sera consommé qu’en cas de navigation interne au site. Nicholas Carr en déduit que l’abonné ne paie pas pour l’accès à la source d’information maisl’abonné paie pour l’accès à l’ergonomie New-York Times.

Crowdfinancing : il faut distinguer ce qui relève du financement “à perte”, c’est-à-dire du don, et ce qui relève de la production financée par l’internaute qui peut ensuite être monétisée par d’autres voies et qui rejoint de ce point de vue ce qui se fait pour la production de musique. Dans les deux cas cela reste au stade expérimental. J’y vois un avenir mais pas à grande échelle : ce type de financement nécessite une base d’utilisateurs active et engagée.

> Article initialement publié sur SVN, sur lequel vous trouverez la deuxième partie /-)

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